Le Messie de Georg Friedrich Haendel occupe une place unique dans l’histoire de la musique occidentale.

Portrait de Haendel

Composé en 1741 en seulement vingt-quatre jours, cet oratorio est devenu l’une des œuvres les plus jouées et aimées du répertoire choral.

Contrairement à l’opéra, l’oratorio ne comporte ni décor ni mise en scène : il raconte une histoire sacrée par la seule force de la musique et du texte biblique.

Ici, Haendel s’inspire de la Bible de King James et du Book of Common Prayer, pour tresser un récit en trois parties autour de la prophétie, de la Passion du Christ et de l’espérance de la Résurrection.

Le programme présenté aujourd’hui, d’une durée d’environ une heure vingt, condense les plus grands airs et chœurs de cette fresque monumentale. Il offre au public un véritable voyage spirituel et musical, en passant par les moments les plus lumineux et les plus bouleversants de l’œuvre.

Première partie : Annonciation et naissance du Christ

L’ouverture orchestrale, la Sinfony, frappe par sa noble gravité : avec son style proche de la fugue baroque, elle pose d’emblée un climat solennel. Le ténor soliste entre ensuite avec Comfort ye, récitatif de consolation, suivi par l’air Ev’ry valley, au caractère souple et lumineux. Haendel met ici en musique la promesse d’une délivrance, dans une écriture vocale très expressive.Le premier chœur majeur, And the glory of the Lord, illustre parfaitement l’art de Haendel : une écriture claire, fondée sur la répétition musicale, qui parvient à traduire la ferveur sans lourdeur. La basse installe ensuite l’ombre avec For behold, darkness et The people that walked in darkness, où les lignes graves rappellent le poids des souffrances humaines. Mais la lumière revient aussitôt avec l’un des chœurs les plus célèbres : For unto us a child is born, jaillissant d’une énergie communicative. Après l’évocation pastorale des bergers (Pifa), les récitatifs et le chœur Glory to God plongent dans l’atmosphère de la Nuit de Noël. Le soprano brille par sa virtuosité dans Rejoice greatly, exaltant la joie messianique. La partie se clôt sur His yoke is easy, un chœur rayonnant qui exprime la douceur de l’enseignement divin.

Deuxième partie : Passion et résurrection du Christ

Beaucoup considèrent cette section comme le cœur dramatique de l’oratorio. L’ouverture avec Behold the Lamb of Godinstalle une grandeur presque liturgique. Elle prépare une succession de chœurs poignants : Surely He hath borne our griefs, grave et puissant ; And with His stripes, construit sur un motif répétitif implacable ; puis All we like sheep, qui alterne légèreté et gravité dans un portrait saisissant de l’humanité égarée.Les airs et récitatifs de ténor et de basse, dont Why do the nations et Thou shalt break them, introduisent tension et autorité, avant le sommet attendu : le chœur Hallelujah. Rarement une musique collective a atteint une telle force universelle. Il n’est pas étonnant que cette page soit devenue emblématique, symbole de liesse triomphante au-delà de toute confession.

Troisième partie : Rédemption

Le dernier volet s’ouvre sur un air d’espérance : I know that my Redeemer liveth, où la soprano incarne la foi intime et confiante. Après le chœur Since by man came death, plein de contrastes, la basse solennise l’attente de la résurrection dans The trumpet shall sound, où la trompette baroque dialogue avec la voix dans une proclamation triomphale.L’œuvre trouve son dénouement dans deux grands chœurs : Worthy is the Lamb, suivi de l’Amen final. Cette conclusion impressionne par sa puissance architecturale : Haendel superpose les voix et les harmonies dans un vaste édifice sonore, véritable couronnement spirituel de l’oratorio.