L'histoire illustrée de la basilique Notre-Dame des Menus


Au Moyen Âge, le pèlerinage de Notre-Dame nautonière à Boulogne-sur-Mer était l'un des plus anciens consacrés à la Vierge Marie puisque la tradition affirmait qu'il datait de l'an 633, « sous le règne du roi Dagobert ». On racontait qu'un jour où « le peuple était assemblé pour la prière dans une chapelle de la ville haute », la Vierge leur apparut et « les avertit qu'un vaisseau paraissait à leur rade, qui contenait son image ». Descendus au port, les Boulonnais virent qu’un « grand calme régnait sur la mer » et qu'une « brillante lumière couvrait le vaisseau qui abordait sur le rivage ». Un « vaisseau sans rames et sans matelots » où on trouva « une image de la Sainte Vierge faite de bois en relief, d'environ 3 pieds et demi de hauteur, tenant l'enfant Jésus sur son bras gauche ». À part ce détail, on ne sait rien de cette statue qui disparut pendant la Révolution ainsi que l'imposante basilique puis cathédrale qui l'abritait, rasée en 1798.

En ce temps-là, le roi de France avait encore pour vassal le comte de Flandre et le royaume de France s'étendait donc théoriquement jusqu'à Anvers, Bruges et Gand. Très théoriquement car le comte de Flandre, qui voulait être maître chez lui, s'allia pour cela avec le roi d'Angleterre. Un mariage fut même projeté entre la fille du comte et le fils du roi (le futur Édouard II), ce qui suscita une offensive militaire du roi de France Philippe le Bel. La Flandre fut occupée, le comte emprisonné.
Si les bourgeois des riches villes flamandes n'y voyaient rien à redire, le peuple était lui d'un avis contraire et se révolta en 1302 en tuant les représentants du roi à Bruges. D'où une nouvelle offensive royale mais qui ne rencontra pas le même succès maintenant que la Flandre était aux mains de milices urbaines.
L'armée du roi subit d'abord une lourde défaite à Courtrai. Et, deux ans plus tard, c'est de justesse que le roi l'emporta à Mons-en-Pévèle, près de Lille, après s'être retrouvé un moment encerclé par une troupe de Flamands qui furent très près de le tuer.
Le roi serait ensuite allé remercier la Vierge de Boulogne de lui avoir sauvé la vie

Le roi Philippe le Bel peut être content : il a sauvé l'honneur et même récupéré une petite partie de la Flandre avec Lille, Douai et Béthune. Il a surtout sauvé sa vie lors de cette bataille de Mons-en-Pévèle. Reconnaissant envers la Vierge à laquelle il aurait confié son sort à ce moment crucial, le roi serait ensuite allé la remercier dans la basilique voisine de Boulogne-sur-Mer.
Le Roi a alors quelques soucis avec l'Église : quelques mois auparavant, il a en effet envoyé son conseiller arrêter le pape Boniface VIII qui avait osé en 1302 proclamer sa supériorité sur les rois. Le pape a été giflé, arrêté et est mort un mois plus tard. Cette grave affaire va entraîner l'installation des papes en Avignon mais aussi accentuer l'autoritarisme du monarque.

Dans cette atmosphère tendue, la cérémonie de janvier 1308 dans la basilique de Boulogne-sur-Mer a un petit parfum de revanche. Le comte de Flandre, désormais décédé, avait voulu marier sa fille à Édouard II d'Angleterre ?
C'est la fille de Philippe le Bel, Isabelle de France, qui épouse finalement le nouveau roi d'Outre-Manche. Sont présents le roi de France, mais aussi ses trois fils : les futurs rois Louis X le Hutin, Philippe V le Long et Charles IV le Bel. Ainsi que leur cousin Philippe de Valois qui accèdera au trône lorsque ces trois-là seront morts sans descendance masculine.
Cette accession déclenchera la Guerre de Cent ans puisque le fils d'Isabelle et Édouard II (le futur roi d'Angleterre Édouard III) débarquera alors avec son armée à Calais pour réclamer ses droits au trône de France.
Lors du mariage, Philippe le Bel offre à la basilique un reliquaire en vermeil doré et des ressources complémentaires qui vont permettre de construire un nouveau chœur plus adapté aux pèlerinages